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[Film - Critique] Les Aventures de Tintin: le Secret de la Licorne (Steven Spielberg): infantile et éprouvant

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Après des années d’attente, le projet de Steven Spielberg Les Aventures de Tintin: le Secret de la Licorne, entièrement en images de synthèse, déferle sur nos écrans dans une version  dynamitée du classique de la bande dessinée d’Hergé, dont l’histoire a été massacrée au passage. Mais à force de vouloir épater le spectateur à coup de grand spectacle incessant, le film abruti rapidement.

Tintin (Jamie Bell), jeune journaliste accompagné de son fidèle ami, le chien Milou, débute son enquête en découvrant un mystérieux parchemin à l’intérieur de la maquette d’un bateau. Dans la foulée, Il se fait enlever par le méchant Ivan Ivanovitch Sakharine (Daniel Craig) et rencontre le Capitaine Haddock (Andy Serkis). S’ensuit une course infernale pour réunir les trois parchemins qui mènent tout droit au trésor de l’ancêtre du Capitaine Haddock: François de Hadoque.

Après ce petit résumé, inutile d’expliquer aux fans de la bande dessinée originale que cette histoire ne respecte pas totalement les vraies aventures de Tintin puisqu’elle amalgame grossièrement deux aventures différentes: Le Crabe aux Pinces D’or et Le Secret de la Licorne. En effet la première aventure racontait comment Tintin découvre un trafic d’opium à bord d’un cargo nommé le Karaboudjan où il fait la rencontre du Capitaine Haddock. Le film ne garde que le nom du bateau et la rencontre avec le Capitaine. Et le massacre est loin de s’arrêter là ! Exit les frères Loiseau, propriétaires du château de Moulinsart et collectionneurs de maquettes qui sont remplacés ici par Ivan Ivanovitch Sakharine qui n’était, à l’origine, qu’un personnage secondaire intéressé par la maquette du bateau et nullement un héritier de Rackham le Rouge. Avec une histoire massacrée,il ne reste plus que des références rapides à l’univers de Tintin: la présence d’Hergé au début du film qui fait un croquis du jeune journaliste, les pages des albums dans le générique du début, des boîtes de conserve de crabe qui tombent sur la route ou encore le pickpocket de l’aventure originale…

Côté cinématographique, le film se résume à une succession de mouvements de caméra virevoltante à outrance. Des montagnes russes incessantes qui finissent par donner la nausée et détacher totalement le spectateur de l’histoire qui se déroule sous ses yeux. Impossible de respirer, pas un moment de répit, la caméra ne cesse jamais de se déplacer. Un rythme qui mène tout droit à l’overdose. Même dans les scènes plus calmes (et elles sont rares) la caméra bouge. Les détails sont nombreux autour des personnages et pourtant il est quasiment impossible de les percevoir tant le tout défile à grande vitesse.

Techniquement les images de synthèse mêlent des effets et des décors somptueux proches du réel (à s’y méprendre!) avec des personnages aux expressions faciales inégales, ratées et aux mouvements peu naturels. Un effet général déroutant et perturbant où l’hyperréalisme se mêle à des traits grossiers qui se veulent fidèles aux dessins d’Hergé. Les séquences d’action souvent inutiles et les combats sont tellement virevoltants qu’on se croirait plongé non plus dans un film en 3D mais dans un jeu vidéo (le film a été adapté sur toutes les consoles du moment). Les combats d’épées sont dignes d’un beat them all actuel et le  long plan séquence (inutile démonstration de savoir-faire) qui débute à bord du side-car dans les rues de Bagghar au Maroc ne fait que renforcer ce sentiment d’être au cœur d’un jeu de voiture. Spielberg peut bien se vanter d’avoir répondu aux vœux d’Hergé  et de sa femme en respectant leur désir de ne pas voir à l’écran « de téléphone portable, de postes de télévision, de voitures modernes, juste l’Europe intemporelle » car visuellement le film tend bien vers tout le contraire.

Ne reste plus que l’humour slapstick lourd qui infantilise les spectateurs à rire des chutes continuelles des différents personnages et des rots du Capitaine Haddock. Hollywood n’aura pas failli à sa réputation de détruire une œuvre originale en la remaniant totalement et en la gavant de surenchères visuelles inutiles comme récemment Les Schtroumpfs 3D. Peter Jackson pourra-t-il faire mieux avec le second volet qui adaptera Le Trésor de Rackham le Rouge ?

Philip Pick

Bande annonce Les Aventures de Tintin: le Secret de la Licorne (2011) de Steven Spielberg


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